La vie (pas) très cool de Carrie Pilby
Caren Lissner
Harlequin, collection Darkiss
Carrie Pilby est surdouée, et durant sa scolarité, elle a sauté trois classes ; elle est donc arrivée très jeune à l'université de Harvard (à 15 ans) et a découvert que la vie estudiantine était très loin de ce qu'elle imaginait et de ce qu'elle espérait. A 19 ans, elle a terminé ses études, et se demande à quoi va bien pouvoir ressembler sa vie d'adulte...
Carrie est une anti-héroïne. Elle s'est toujours sentie en décalage. Elle se pose beaucoup de questions, sur la vie en général, mais surtout sur ses valeurs et la nécessité de s'y tenir ou bien au contraire de les assouplir pour se conformer au groupe. Elle a beaucoup de mal à s'intégrer socialement, et le peu d'expérience qu'elle a en la matière est peu concluant. Avec l'aide de son psychologue, et au fil des rencontres, elle va apprendre à s'adapter aux situations, à faire des choix et à décider de ce qu'elle veut vraiment.
Globalement, j'ai été extrêmement surprise par ce texte. Déjà parce que j'avais d'énormes a priori sur les éditions Harlequin, et puis aussi à cause de cet article sur la collection Darkiss, traduit littéralement par Sombre Bisou, qui m'avait bien fait rire.
Pourtant, dès les premières pages, j'ai oublié mes préjugés : le ton est vivant, incisif, sarcastique, et en même temps on sent que Carrie souffre de se sentir à l'écart de la société. D'ailleurs, autant j'ai largement souri au début, autant j'ai eu peur que l'histoire tourne au larmoyant ou au glauque avec le passage sur le professeur Harrison. Mais au final la volonté de Carrie reprend le dessus, et j'ai vraiment aimé lire ses réflexions sur les comportements des gens, et je pense que beaucoup se retrouveront dans les questions qu'elle se pose. Dans ses rapports aux autres, elle s'interroge également beaucoup sur l'infidélité, et son cheminement est intéressant, car elle n'hésite pas à remettre en question ses croyances pour essayer de déterminer ce qui est bien ou juste.
Les deux seuls bémols que je mettrai : sur la fin, on tourne un peu en rond, les thèmes sont répétitifs et le roman n'aurait pas souffert d'une centaine de pages en moins. Ensuite, le dénouement m'a moyennement plu, car j'ai trouvé le personnage de Cy sans consistance, et l'implication de Carrie dans la communauté religieuse ne correspond pas à son caractère. Mais c'est une découverte intéressante qui me poussera à tenter la lecture d'autres titres de la collection.