Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les carnets de Radicale
13 octobre 2013

En Amazonie : infiltré dans le meilleur des mondes

enamazonie

 

Jean-Baptiste Malet

Fayard

        Résumé de l'éditeur : Pour son pic d’activité, à l’approche des fêtes de Noël 2012, Amazon recrute des milliers d’intérimaires. Pour la première fois en France, un journaliste décide d’infiltrer un entrepôt logistique du géant du commerce en ligne. Il intègre l’équipe de nuit. Après avoir souscrit au credo managérial et appris la novlangue de l’entreprise, c’est la plongée dans la mine : il sera pickeur, chargé d’extraire de leurs bins (cellules) des milliers de « produits culturels », amassés sur des kilomètres de rayonnages, marchandises qu’il enverra se faire emballer à la chaîne par un packeur, assigné à cette tâche. Chaque nuit, le pickeur courra son semi-marathon, conscient de la nécessité de faire une belle performance, voire de battre son record, sous le contrôle vigilant et constant des leads (contremaîtres), planqués derrière des écrans : ils calculent en temps réel la cadence de chacun des mouvements des ouvriers, produisent du ratio et admonestent dès qu’un fléchissement est enregistré... Bienvenue dans le pire du « meilleur des mondes », celui qui réinvente le stakhanovisme et la délation sympathiques, avec tutoiement. Plus de quarante-deux heures nocturnes par semaine, en période de pointe.

        Il me reste souvent une sorte de frustration après la lecture de ce type de témoignage "vécu sur le terrain" ; flotte toujours l'impression de quelque chose d'incomplet et très subjectif. Ici, ça sera effectivement le cas, puisque qu'Amazon est loin de jouer cartes sur table, et que ce manque de transparence attise toutes les théories orwelliennes. Ce n'est pas un secret, je travaille dans le monde du livre, et j'avais envie de me renseigner un peu sur cette société qui cristallise bon nombre de fantasmes, à tort ou à raison (mais surtout à raison, quand même !). Commençons par le positif du reportage : il faut reconnaître à ce livre le mérite d'ouvrir le débat et de donner un coup de pied dans la fourmilière, car même si on entend régulièrement parler des conditions de travail chez Amazon, on en lit assez peu de témoignages directs. La construction de la narration est assez scolaire mais pas désagréable : Jean-Baptiste Malet nous distille des informations clés petit à petit, avec un historique de l'entreprise, quelques chiffres et des extrait de presse sur les implantations d'Amazon au niveau mondial. Jusqu'ici tout va bien. Sauf qu'au final... Vous n'en aurez pas plus. En effet, les collègues du journaliste ont refusé de parler par peur des représailles ; du coup, l'infiltration tombe à l'eau, et ne vous reste entre les mains qu'une centaine de pages délayées, pleines de considérations naïves ou populistes, qui dénoncent sans grande matière. Non, trois pages sur le lapin posé par Simon le syndicaliste et la crêpe mangée pour se réconforter, ce n'est pas de l'information. C'est du vide. En réalité, si on regroupe sur une page de présentation des chiffres les plus pertinents pour présenter Amazon, on peut condenser le livre en un dossier complet de six pages, qui aurait sa place dans une revue, sûrement pas chez un éditeur.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Wow, bah t'es difficile !<br /> <br /> Je comprends tes critiques et je suis d'accord avec le principe (sans avoir lu le bouquin encore mais bon) mais tu ne trouves pas que tu es un peu dure, que ce livre est salutaire en tant que comme tu le dis les journalistes évitent soigneusement le sujet, et donc qu'on se contentera de ce témoignage qui est important même si il est vide ?
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité