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Les carnets de Radicale
13 février 2013

En attendant Godot

enattendantgodot

 

Samuel Beckett

Editions de Minuit

        Début du résumé Wikipédia : Deux vagabonds, Vladimir et Estragon, se retrouvent sur scène, dans un non-lieu (« Route de campagne avec arbre ») à la tombée de la nuit pour attendre « Godot ». Cet homme — qui ne viendra jamais — leur a promis qu'il viendrait au rendez-vous ; sans qu'on sache précisément ce qu'il est censé leur apporter, il représente un espoir de changement. En l'attendant, les deux amis tentent de trouver des occupations, des "distractions" pour que le temps passe. Des inquiétudes naissent : Est-ce le bon jour ou le bon endroit ? Peut-être est-il déjà passé ? Que faire en attendant ? Au milieu du premier acte, un autre couple entre en scène : Pozzo et Lucky. Le premier est un homme très autoritaire, le propriétaire des lieux si l'on en croit son discours. Le second est une sorte d'esclave, un sous-homme tenu en laisse, que Pozzo commande tyranniquement.

 

        Alors voilà. Non seulement je vous présente une pièce de théâtre, genre que j'ai assez peu l'habitude de lire, mais en plus je vais tenter d'aller un peu plus loin que mes impressions de lecture habituelles. Sachez déjà que j'ai été littéralement passionnée par ma lecture, par les interprétations que je tente d'en faire, par les quelques recherches et échanges que j'ai eus concernant cette pièce ; en clair, je suis à donf, les enfants.

     D'après ce que j'ai pu lire sur Internet, En attendant Godot est traditionnellement associé au Théâtre de l'Absurde, et même si je ne connais pas assez ce courant littéraire, je comprends effectivement en quoi la réflexion sur l'absence de sens de la vie le rattache à ce courant ; pourtant Samuel Beckett a toujours rejeté cette appartenance, et j'aurais carrément tendance à abonder dans son sens. En réalité, la lecture que je fais de cette pièce de théâtre est sûrement peu conventionnelle, mais l'ambiance et le contexte (du moins le peu qui nous est révélé) me font très fortement penser à des situations de romans post-apocalyptiques ou de science-fiction. Les personnages tentent non seulement de survivre mais également de recréer un cadre avec des règles, une logique, des habitudes, bref, d'instiller un sens, un but, là où il n'y a plus rien (ou plus grand chose), rien que du temps qui passe. Il me semble que l'auteur nous donne de nombreux indices sur cette hypothèse de monde post-apocalyptique ; et à mon avis, la clé se trouve dans le monologue de Lucky, qui ne me semble pas du tout dénué de sens comme je l'ai lu sur certains sites, bien au contraire, puisque lorsqu'on le lit attentivement, on devine des bribes d'émissions (radiophoniques ? télévisées ?) qui parlent toutes de la présentation scientifique d'une catastrophe humaine. Bref, les personnages semblent évoluer après qu'il se soit passé quelque chose de bien précis, qui aurait modifié le mode de vie des survivants qui errent dans ce paysage désolé.

     Je parle également de science-fiction car la pièce se base sur une élongation ou une répétition du temps, comme si ce dernier était déréglé. Les journées se répètent (avec de très légères variantes), des détails qui font douter de la mémoire des personnages ou de la réalité de ce qu'ils vivent, rien ne finit jamais, les personnages semblent éternels et lassés de cette immortalité subie. Bref, c'est une pièce qui m'interpelle vraiment et me semble bien plus originale et novatrice que simplement de l'absurde.

     Du coup, je fais appel à vos interprétations : est-ce que ces idées de science-fiction, de temps déréglé, d'apocalypse vous semblent fantaisistes, ou à creuser ? Si vous avez lu la pièce, j'attends vos lumières, vous l'aurez compris, j'ai très envie d'en discuter !!

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Commentaires
M
Je ne garde qu'un très vague souvenir de cette pièce, lue en classe il y a plus de 15 ans (et je n'ai aucun souvenir de l'analyse que nous en avions tirée...), mais la lecture de votre avis, et notamment cet éclairage guerre/fin du monde, me donne envie de la relire.
R
bonjour, ça fait quelque temps que je lis votre blog et j'ose (enfin!) commenter puisque j'aime beaucoup ce qui touche au mouvement de l'absurde (et au surréalisme par la même occasion) <br /> <br /> il me semble que le mouvement de l'absurde s'est développé après la fin de la 2è guerre mondiale (d'où l'idée de fin du monde) et que c'était un peu paradoxalement dans le but d'essayer de donner un sens de façon complètement irréaliste à des évènements atroces qui se sont vraiment produits. D'ailleurs, la même idée est reprise dans Les bâtisseurs d'empire de Boris Vian (excellent aussi ! )
F
J'avais beaucoup aimé lire cette pièce, nettement moins la voir interpréter. C'est vrai qu'elle est sujette à de multiples réflexions, dans lesquelles je ne me lancerai toutefois pas parce que j'ai désespérément besoin de vacances !! Ton idée de SF n'est pas bête : on ne fait que recycler sous différentes formes, en littérature (à mon avis), et les romans fin du monde d'aujourd'hui ont sans doute quelque chose à y voir...
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