Justine Larbalestier
Gallimard
Présentation de l'éditeur :
Micah admet sans problème qu'elle est une menteuse compulsive.
Et c'est sans doute la seule chose honnête qu'elle nous dira jamais...
Mon objectif pour ce billet, c'est de ne pas survendre ce roman. Parce que parfois, après la lecture d'une critique très enthousiaste, on a des attentes précises et très élevées, et on est un peu déçu. Je ne voudrais pas que ça arrive pour ce roman, parce que J'AI JUSTE ADORE et que j'aimerais bien expliquer ça sans me laisser déborder. C'est (très) mal parti.
Partons du début. Micah est la narratrice. La première partie s'intitule "Où je dis la vérité", puis "Où je dis la vraie vérité", pour finir par "La vérité authentique et véritable". Déjà, avec le concept et les titres de ces trois parties, j'étais conquise. Ensuite, j'ai littéralement adoré Micah. Son caractère, son indépendance, le ton qu'elle emploie pour raconter son histoire et surtout pour s'adresser au lecteur.
Parce que oui, lecteur, tu vas te faire balader, je te le promets, et moi je ne suis pas une menteuse.
Micah m'a fait gamberger pendant toute ma lecture, sa rhétorique m'a retourné la tête et mis le cerveau en ébullition.
Le roman est introduit par la promesse de Micah, qui reconnait être une menteuse pathologique, mais promet dans le premier paragraphe de se limiter désormais à la vérité. Or la situation est particulière : Zach, un garçon de la classe de Micah, a été retrouvé mort. De ce fait découle toute une série de théories que Micah va suggérer tout en racontant sa propre histoire familiale, en parallèle avec les films que j'ai pu me faire en essayant de récolter les indices qu'elle glisse au fil de sa prose. En vrac, je me suis demandée : si Micah sortait réellement avec Zach, ou si c'était un fantasme de l'adolescente ; si Micah était une fille ou un garçon ; si elle avait tué Zach ; si Zach n'était pas mort en réalité... Et ce ne sont que quelques exemples des premières pages que je peux vous donner sans vous révéler d'éléments clés.
Ce qu'il faut savoir également, c'est que l'auteure, Justine Larbalestier a repris dans ce roman un thème qu'elle avait déjà abordé dans un précédent roman paru à l'époque chez Panama (Au-delà de la porte, tome 1 : Dans les griffes de la sorcière) ; la présence du paranormal n'est jamais loin, mais toujours accompagnée d'un questionnement sur la réalité, la véracité des événements surnaturels. Le doute est toujours présent : les éléments fantastiques peuvent toujours être expliqués soit par la folie, soit par le mensonge, et le lecteur est placé dans la délicate position de démêler le vrai du faux.
Il ne m'en faut pas plus pour m'immerger dans le livre, pour jubiler quand je crois avoir compris un détail, et râler ou rire quand je me rends compte que je me suis fait mener en bateau depuis le début. Et croyez-moi, Micah, les mensonges, elle en connait un rayon, et elle ne va pas vous ménager !
"Vous gobez tout, hein ? Vous me facilitez trop la tâche."
Micah instaure un véritable jeu avec le lecteur. Ne vous formalisez pas de la citation ci-dessus, car même si elle parait un peu agressive sortie du contexte, il se crée une complicité à essayer de deviner où Micah nous emmène. Le roman est construit sur une série d'affirmations puis de retours en arrière, pas des flashbacks, non, puisque de toute façon la totalité du récit est sous l'entier contrôle de la narratrice. Du coup, les événements du récit s'accompagnent d'une réflexion sur la nature de la vérité et de la réalité, de la façon dont se crée le mensonge, pourquoi on ment mais aussi pourquoi on accepte de croire l'autre, sur le pouvoir de la parole comme outil de manipulation mais aussi comme outil de création d'un monde imaginaire, comme une porte ouverte sur d'autres univers où tout est possible.
Mention spéciale pour la couverture, intrigante juste comme il faut, et que j'associe tout à fait au caractère de l'héroïne ; étrange, arrogante, amoureuse, rugueuse, en souffrance, fascinante.
Bonus : les 26 premières pages du livre !